L'amnésie environnementale

ISO 17298 : un référentiel mondial pour guider les organisations dans leur stratégie biodiversité

Oct 2025

Alors que l’on sait désormais à quel point la biodiversité soutient nos économies (près de 50 % du PIB mondial, soit 44 000 milliards $, en dépendent directement) le vivant continue de s’effondrer.

Un paradoxe inquiétant, tant la nature soutient nos sociétés : elle nous nourrit, nous protège des maladies, stabilise les sols, régule le climat, limite les catastrophes naturelles…

Depuis quelques années cependant, la prise en compte de la biodiversité dans l’économie commence à se structurer. Sous l’impulsion d’accords internationaux majeurs, la nature trouve peu à peu sa place dans les stratégies des entreprises.

Le Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal, adopté en 2022, a marqué un tournant historique. Il fixe des objectifs clairs : stopper et inverser la perte de biodiversité d’ici 2030. Son objectif 15 invite notamment les entreprises et institutions financières à identifier, évaluer et divulguer leurs risques, dépendances et impacts sur la nature, sur leurs sites comme sur leurs chaînes de valeur.

Depuis, les initiatives s’accélèrent. L’évaluation mondiale sur les entreprises et la biodiversité, annoncée par l’IPBES pour février 2026, en est une nouvelle illustration. Présenté comme une boîte à outils internationale, ce rapport visera à classer les dépendances et impacts, à évaluer les méthodes de mesure existantes et à guider les actions des acteurs économiques.

C’est dans ce contexte de structuration qu’a été publiée la norme ISO 17298, en octobre 2025. Fruit de travaux initiés et pilotés par l’AFNOR depuis 2020, cette norme internationale vient offrir un cadre commun pour aider les organisations à intégrer la biodiversité au cœur de leurs décisions.

Alors, que contient-elle concrètement ? Et en quoi marque-t-elle une étape importante dans la manière d’aborder la biodiversité en entreprise ?

Les grands principes de la norme ISO 17298

Dans la continuité des avancées internationales sur la biodiversité, la norme ISO 17298 vient poser un cadre simple : aider les organisations à intégrer les enjeux de conservation, de restauration écologique et d’utilisation durable de la biodiversité dans leurs stratégies et leurs pratiques.

Elle s’inscrit dans la continuité de la norme française NF X32-001, publiée en 2021, et qui proposait déjà une méthode pour prendre en compte la biodiversité dans les activités d’une entreprise. Elle partage aussi la même logique que la méthode LEAP de la TNFD (Localiser, Évaluer, Analyser, Préparer), en déroulant pas à pas les étapes d’une démarche structurée.

Loin de tout bouleversement, l’ISO 17298 vient consolider et enrichir ces approches existantes. Une manière de confirmer la pertinence des travaux déjà menés et de faciliter leur adoption par un plus grand nombre d’acteurs.

ISO 17298 : Une approche universelle pour l’intégration de la biodiversité au sein des stratégies organisationnelles.

Sa valeur ajoutée réside dans son approche plus opérationnelle : la norme apporte des lignes directrices concrètes pour intégrer la biodiversité dans la stratégie et le fonctionnement des organisations.

Elle a également été pensée pour s’articuler avec d’autres normes ISO :

  • l’ISO 37101, sur le développement durable des territoires ;
  • l’ISO 26000, sur la responsabilité sociétale des organisations.

Pensée pour être accessible à tous, elle s’adresse autant à une association, une PME ou une collectivité qu’à un grand groupe.

Son objectif : permettre à chaque organisation d’identifier ses enjeux liés à la biodiversité et de mettre en œuvre des actions adaptées à son échelle.

Que contient la norme ISO 17298 et comment s’y conformer ?

La norme ISO 17298 est une norme volontaire, conçue comme un guide pratique pour structurer une démarche biodiversité au sein d’une organisation.

Elle s’appuie sur une série d’étapes clés permettant de comprendre et hiérarchiser les impacts d’une entreprise sur la biodiversité, d’identifier ses dépendances et d’évaluer les risques et opportunités associés.

Nous allons voir ici ces grandes étapes, sans rentrer le détails.

Poser le contexte de la démarche

Avant d’agir, la norme invite à clarifier le périmètre de la démarche :

  • s’applique-t-elle à l’ensemble ou seulement à une partie de la chaîne de valeur ?
  • quels sites ou activités sont concernés ?
  • quelles politiques ou actions liées à la biodiversité existent déjà ?
  • quelles initiatives territoriales peuvent être reliées ?
  • quelles parties prenantes doivent être impliquées, et sur quels sujets se tenir informé ?

Cette première étape sert à comprendre d’où l’on part et à ancrer la démarche dans la réalité de l’organisation.

Établir un diagnostic clair

Vient ensuite le cœur du processus : relier le contexte de l’entreprise aux écosystèmes.

  • identification des dépendances de ses activités aux services écosystémiques,
  • évaluation des impacts de ses opérations sur la biodiversité,
  • analyse des risques et opportunités associés,
  • puis hiérarchisation des enjeux identifiés.

Par exemple, quel risque ferait peser la perte d’un service écosystémique sur l’activité de l’entreprise ?

La norme rappelle que cet exercice se veut progressif et itératif : les organisations sont invitées à avancer avec les meilleures informations disponibles, à formuler des hypothèses et à ajuster leur diagnostic au fil du temps.

Définir un plan d'action

Sur cette base, l’organisation définit son plan d’action en faveur de la biodiversité : ses ambitions, ses objectifs, les actions à mener et les indicateurs pour suivre les progrès réalisés.

Communiquer et mettre en œuvre sa démarche

Vient enfin la dernière phase qui combine communication et mise en œuvre de la démarche.

La communication permet d’informer les collaborateurs, partenaires et parties prenantes du plan d’action et des avancées réalisées.

La mise en œuvre, elle, s’appuie sur un suivi régulier et une analyse des résultats dans une logique d’amélioration continue.

Photo : Jan Meeus - Unsplash

Impliquer les parties prenantes à chaque étape

Tout au long du processus, la norme insiste sur l’importance d’associer les parties prenantes aux moments clés de la construction de la démarche : diagnostic, définition des objectifs, élaboration et suivi du plan d’action.

Pour qui la norme est-elle destinée ?

La norme ISO 17298 s’adresse à tous les types d’organisations, qu’elles soient publiques ou privées, grandes ou petites.

Son objectif : aider chaque structure à mieux gérer ses impacts et dépendances à la biodiversité, à réduire ses risques et à renforcer sa performance environnementale.

Elle peut s’appliquer aussi bien à l’échelle d’un territoire (un site de production, une implantation régionale, une zone commerciale ou une exploitation agricole) qu’à celle d’une structure dans son ensemble, comme un groupe industriel, une collectivité ou une association.

Pensée pour être simple d’accès et adaptable, elle offre à chacun un cadre commun pour passer à l’action, quel que soit son secteur ou sa taille.

La publication de la norme ISO 17298 marque une nouvelle étape dans la prise en compte de la biodiversité par les entreprises. Mais nous n’en sommes qu’au début. D’autres normes, cadres et méthodologies continueront d’émerger dans les années à venir pour structurer et faciliter l’intégration du vivant au cœur des stratégies économiques.

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